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vendredi 19 mai 2017

Autodidacte et méthode de violon.

La première méthode de violon a été écrite par Gasparo Zanetti en 1645, elle était intitulée « Il scolaro per imparare a suonare di violino » ce qui peut aisément se traduire par « La méthode pour apprendre à jouer du violon », ce n’est donc pas d’aujourd’hui que l’on cherche à transmettre des moyens d’apprendre seul.
Le violon c’est tout d’abord une position car il faut bien tenir le violon pour en jouer. Une position c’est aussi une posture et comment apprendre une posture ? Le mieux c’est que quelqu’un vous montre et vous corrige mais vous pouvez vous passer aussi de ce quelqu’un.
Pour cela, aujourd'hui, il y a la télévision, observer un violoniste sur le petit écran donne beaucoup d’informations très utiles.
Ensuite il y a les livres dans lesquels vous trouvez des images ou des photographies montrant les bonnes postures, et bien sûr il y a aussi internet qui est une mine, pour obtenir des vidéos, des textes et des images. 
La seule difficulté c’est de bien observer et d’imiter ensuite en essayant de comprendre pourquoi en est-on arrivé à cette position. Viendra après le temps de la personnalisation.

Lorsqu’un professeur donne un cours de violon, il corrige souvent la justesse car jouer juste est un véritable défi pour celui qui veut apprendre.
Quel moyen utiliser quand le professeur n’est pas là pour avoir cette correction, ce rappel à l’ordre nécessaire ?
Pour le remplacer, j’ai cherché longtemps et finalement j’ai trouvé un moyen encore plus précis et exigeant que le professeur, c’est l’accordeur électronique auto-chromatique.
Utilisé normalement pour accorder les instruments, il peut devenir un formidable outil d’autocorrection, indispensable pour trouver les bons emplacements des doigts de la main gauche sur la touche du violon. L’appropriation de cette idée par d’autres personnes prouve, s’il est en besoin, qu’elle n’est pas complètement idiote.

Attention à ne pas se tromper de modèle car certains ne peuvent trouver que quelques notes. Le mieux est de choisir un auto-chromatique de préférence avec une pince pour le placer sur la volute et voir les notes jouées.
Les modèles auto-chromatiques retrouvent et affichent toutes les notes de la gamme, ce qui est indispensable. Il est vrai que pour les notes très aiguës, ces appareils ont quelques difficultés.
La méthode pour se corriger est alors très simple, il suffit de mettre en marche l’accordeur et de jouer les notes au violon. Lorsque la note est juste l’accordeur l’indique visuellement en allumant une lumière verte par exemple. Si cette note n’est pas juste c’est que le doigt de la main gauche n’est pas à la bonne place, c’est tout simple, mais fallait-il encore y penser. 
Parmi les auteurs de méthodes pour apprendre le violon, nombreux sont ceux qui prétendent présenter une pédagogie pour apprendre seuls mais ils oublient de dire à leurs lecteurs ou lectrices qu’ils n’ont pas eu à résoudre les problèmes rencontrés par celui ou celle qui veut apprendre seul(e). C’est normal puisqu’ils n’ont pas appris à jouer seuls du violon, ils ont suivi des cours et c’était leur professeur qui devait leur dire lorsqu’ils jouaient faux et corriger la position de leur doigt.

Lorsque j’ai commencé à apprendre seul le violon, je m’étais fixé comme objectif de jouer « Oh susanna », le célèbre morceau de country. Cet objectif était finalement bien choisi car il ne fait intervenir que très peu de difficultés et il est connu de tous, donc je pouvais le jouer devant les amis qui pouvaient reconnaître cet air et me dire s’il était assez bien joué.
Observer les réactions du public, si petit soit-il, donne de bonnes indications sur les progrès réalisés et la qualité du jeu. Le choix des musiques à jouer participe énormément à la réussite de l’apprentissage, si le morceau choisi est motivant et facile techniquement c’est en partie gagné.

Au début, je passais des heures tous les jours en compagnie de mon violon dans le but de découvrir de nouveaux secrets, et surtout à tenter de tirer des sons que j’avais entendus. Mes premiers coups d’archet devaient être affreux pour l’entourage, ils l’étaient bien entendu, mais pas pour moi, j’avais l’impression de bien jouer ou tout du moins de ne pas être loin de la vérité, quelle vanité !
D’ailleurs il me semble que cette recherche de son parfait est sans fin, un peu comme la quête du Graal ou de la coupe parfaite dans l’art du maniement du sabre japonais. Encore aujourd’hui je passe du temps à pousser et tirer l’archet de nombreuses fois sur une même note.

A l’époque, je ne me lassais pas non plus, et lorsque je rentrais chez moi, je n’avais qu’une hâte c’était de retrouver mon violon et son archet.
Est ce que le plaisir aurait été le même avec un professeur qui impose des airs à jouer ou des exercices à faire ? J’en doute fortement.
Je piochais ici et là des trucs qui me faisaient progresser et avec cet entraînement quotidien, les mouvements qui me semblaient au départ difficiles sont devenus presque naturels.

Avant de commencer mon apprentissage en solitaire, je ne prêtais pas vraiment attention aux violonistes et parties jouées au violon dans les musiques entendues à la radio ou à la télévision, alors qu’ensuite cela est devenue une obsession.
Même au cinéma, je décelais la moindre musique dans laquelle les violons jouaient, si les musiques d’un mauvais film faisait intervenir souvent du ou des violons, je devenais très indulgent, bien que cela soit très rare, car j’ai souvent remarqué une adéquation entre la musique du film contenant de belles parties au violon et la qualité de l’ensemble (scénario, acteurs, réalisateur…).
J’écoutais la musique différemment, surtout avec plus d’attention en notant même certaines imperfections dans la justesse ou l’attaque de l’archet.
Ma perception auditive s’était aussi affinée. Cette tendance à écouter particulièrement les parties jouées au violon, s’est un peu dissipée lorsque mes besoins d’exemples ou de repères ont diminués.
Le plaisir d’écouter est resté bien entendu mais maintenant, je comprends que ce qui importe avant tout dans l’exécution d’un air, c’est la façon de l’interpréter et que le violon offre d’énormes possibilités dans ce domaine.

Ce besoin de jouer souvent m’a incité à faire suivre mon instrument partout où j’allais, cette nouvelle habitude s’est révélée très utile car j’ai très souvent trouver un moment pour dégainer l’archet et jouer seul ou avec des amis pour fêter des événements, un anniversaire par exemple, des retrouvailles...
Ces moments là peuvent se transformer en très bons souvenirs. Jouer avec d’autres aide énormément à progresser, c’est une expérience unique et vraiment enrichissante, car il faut se faire entendre et écouter les autres aussi, c’est l’école du respect et de la production d’une œuvre en commun.
Cela oblige à tenir un rôle précis, cela motive et donne un nouveau but à atteindre lors des répétitions en solitaire, ceux et celles qui se souviennent encore de leurs premières armes en formation vous le confirmeront. Lorsque la musique se partage, le plaisir est décuplé. La musique produite est d’autant plus riche aussi.

Au fil de mes rencontres j’ai pu souvent aborder un sujet sur lequel la polémique s’installe rapidement, c’est celui du passage ou non par le solfège. Je me suis régulièrement trouvé face à des personnes qui ne voulaient pas admettre que l’on puisse faire de la musique sans savoir la lire.
Avant le solfège la musique existait-elle ? Peut-on chanter juste sans savoir lire une note sur une portée ? Est ce que tous les musiciens du monde savent lire le solfège ?
Le solfège n’est évidemment pas indispensable pour faire de la musique, dio grazie.
Cependant, dans certaines situations il est nécessaire d’écrire une partition ou de savoir la lire. Je compare cela à notre langue maternelle, les bébés apprennent bien à parler sans savoir lire et écrire, mais dans notre société vient la nécessité de savoir lire et écrire le français, pour pouvoir se débrouiller dans certaines situations pour lesquelles le langage parlé ne suffit plus.

Avant l’an mille, je veux dire avant que Guido d’Arezzo, ce moine toscan, n’invente en 1028 la portée avec quatre lignes sur lesquelles on a pu alors écrire une ligne mélodique, on faisait bien heureusement déjà de la musique.
A l’abbaye de Pomposa, près de Ferrara en Italie, ce moine bénédictin a eu l’idée de nommer chaque hauteur de son c’est à dire chaque note en prenant les premières syllabes du texte d’un chant religieux, l’hymne à Saint-Jean Baptiste en latin.
Non seulement ces premières syllabes ont donné le nom des notes mais surtout elles étaient chantées sur ces notes là : Ut queant laxis Resonare fibris Mira gestorum Famuli tuorum Solve pulluti Labii reatum… Quand les moines chantaient et chantent encore « Ut queant laxis Resonare fibris » qui se traduit par : « Pour que puissent résonner sur les cordes », la syllabe Ut est chantée sur un Do et la syllabe Re de Resonare est chantée sur un Ré.
Six notes ont donc été baptisées ainsi, du UT au La. Le Ut sera ensuite nommé aussi DO, venant probablement de la première syllabe du mot "dominus", à partir du XVIIème siècle.
La note Si absente de cette suite apparaîtra seulement au XVIème siècle grâce, dit-on, à un autre moine, français cette fois-ci, Anselme des Flandres.
Avant cette innovation majeure, la notation musicale existait car on inscrivait des signes, des sortes de rectangle, des carrés, des losanges pour indiquer des intonations, des durées.
Cela n’empêchait pas les moines de chanter ni les troubadours et trouvères du Moyen Age de faire de la musique.
L’innovation de Guido d’Arezzo ne fût pas bien accueillie, puisqu’il finit par être chassé de l’Abbaye. Il s’installa à Arezzo, pour être accueilli par Theodald, un évêque favorable à des réformes autour du chant liturgique. Vers l'an 1030 Guido rencontra le Pape Jean XIX à Rome pour lui présenter sa nouvelle méthode solfègique. Le pape, très intéressé, aurait invité Guido à s'établir à Rome.
Guido d'Arezzo restera un grand théoricien de la musique, il nous a laissé sa notation musicale, encore en usage aujourd'hui.

Comme la musique est un langage particulier car international, le même phénomène se vérifie encore de nos jours et on peut toujours apprendre et jouer de la musique sans lire une portée.
Un musicien ou une musicienne qui ne sait pas lire le solfège doit alors utiliser d’autres moyens pour apprendre de nouvelles mélodies, parmi ces moyens il y a celui qui fait intervenir un autre musicien qui joue devant celui qui veut apprendre, cette méthode s’apparente à celle des parents qui apprennent à parler à un enfant, c’est la transmission orale, elle a été le moyen de faire parvenir des musiques et techniques anciennes jusqu'à nous.
Mais ce n’est pas le seul moyen car il existe aussi le système des tablatures plus ancien encore que l’écriture sur des portées.
Ce système se situe à mi-chemin entre la partition et l’apprentissage avec un autre musicien.

La tablature se borne à indiquer les emplacements à utiliser sur l’instrument pour jouer la mélodie au lieu d’indiquer une note qui devra ensuite être convertie par le lecteur en emplacement sur l’instrument.
La tablature est donc une sorte de raccourci et évite ainsi l’apprentissage du solfège, ceci rend l’accès à la musique plus rapide. Récemment encore un cadre supérieur m’a dit en découvrant cela que s’il avait connu cette méthode avant il se serait mis à la musique plus tôt et qu’il avait le sentiment d’avoir perdu du temps en essayant d’apprendre le solfège pour finalement abandonner faute de temps.
Combien de personnes sont dans son cas encore actuellement, des hommes et de femmes qui aimeraient tant pouvoir jouer d’un instrument pour elles ou pour leurs amis ? Et pour qui le solfège semble un obstacle insurmontable.
La technologie du numérique permet aussi de s’affranchir de la lecture car on peut maintenant confier la lecture d’une partition à l’ordinateur en passant par des logiciels appropriés.

Le système MIDI permet cela et ce n’est pas nouveau car il date des années 80’s. Vous pouvez aussi composer vous-même votre propre mélodie en l’écrivant sans faute car les logiciels sont là pour corriger les erreurs.
Il n’est donc pas nécessaire de passer par la case solfège pour faire de la musique car celle-ci peut vous reconduire, illico presto, à la case départ si vous vous découragez ou si vous manquez de temps.

Rien ne vous empêchera, ensuite, si le cœur vous en dit de franchir le pas et compléter vos connaissances et encore progresser en musique.





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