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vendredi 19 mai 2017

Mon premier violon, quelle histoire.

Mon premier violon était tout juste bon à être accroché au mur d’un restaurant dont le patron veut se la jouer culturel ou convivial.
Il lui manquait une corde, il était fendu et recouvert d’un verni lavé. La table pouvait laisser deviner une longue et difficile existence.
On aurait pu le comparer à un animal récupéré par la SPA, en l’occurrence un brocanteur du sud de la France qui ce jour là avait trouvé le client inespéré. Cependant, ce n’est pas l’impression que j’ai eu au moment précis où je l’ai vu pour la première fois, bien au contraire, pour moi c’était un magnifique instrument d’une grande valeur et qui, entre de bonnes mains pouvait jouer, chanter, pleurer et faire danser. Il était là devant moi, accroché par sa volute avec une simple ficelle comme un jambon mis à sécher, il pendait avec une étiquette sur laquelle était inscrit « violon de Mirecourt », je me demandais bien à l’époque ce que signifiait Mirecourt, le nom d’une personne ? une marque de fabrique ?
Par la suite j’ai su que cette appellation signifiait tout et rien à la fois et qu’elle était destinée aux personnes qui ont une très vague idée de l’histoire de la lutherie en France.

Quand je repense à cette rencontre, je me dis que finalement cet instrument ne valait pas grand-chose mais qu’il était la clef qui m’a permis d’entrer dans un univers sans fin et toujours surprenant.
Sans lui je n’aurais pas découvert l’histoire des luthiers de Crémone, de Mirecourt, les virtuoses, les compositeurs du XVIIème et XVIIIème siècles, les liens historiques qui unissent culturellement la France et l’Italie et ni le plaisir de manier l’archet et faire vibrer une corde.

Alors, on peut remercier quand même tous les brocanteurs qui vendent des violons parfois fendus ou justes bons à être pendus haut et court par la volute ou crucifiés contre un mur de restaurant.
Certains diront qu’il n’est pas forcément nécessaire d’acheter un violon pour en jouer, c’est certain, mais quel plaisir immense que de posséder son propre violon.
On a l’impression de faire partie d’une l’histoire, celle de l’instrument, car il y a de grandes chances que quelqu’un après vous jouera aussi sur cet instrument et que quelqu’un avant vous a fait de même, un violon peut vivre pendant plusieurs générations, merci Strad !

Si jouer du violon vous tente, il ne sert à rien d’acheter un Amati ou un Guarnérius, donc d’investir des fortunes, il existe des violons de fabrication industrielle neufs avec l'archet, la colophane et l'étui à des prix dérisoires. Voir pour cela mon post sur les violons achetés sur internet.
Le son que vous obtiendrez sera surtout le fruit de votre travail. Vous pouvez aussi louer un violon de meilleure qualité et préparé, avec son archet chez un luthier.
Vous pouvez aussi en trouver d'occasion comme moi mais attention à ne pas vous faire avoir car on peut facilement vous laissez croire qu’un violon est un violon de grande valeur.
C’est comme en peinture où il existe de faux Rembrandt, dans la lutherie il y a de faux « Amédée Dieudonné » ou de faux « Jean-Baptiste Vuillaume ».
Pour résumer, on peut dire qu'il est facile de coller au fond du violon une fausse étiquette d’un luthier connu et de vieillir le bois. Certaines copies sont vraiment bien faites et difficiles à reconnaître. Si on vous propose un violon de plusieurs milliers d’euro, il est préférable de consulter un luthier professionnel qui a l’habitude de travailler sur ce type d’instrument ou même un expert comme Rampal (http://www.vatelot-rampal.com/vatelot-rampal.php) s’il s’agit d’un violon de très grande valeur, il se fera un plaisir de vous renseigner et vous évitera peut-être de commettre une grosse erreur et perdre beaucoup d'argent.

Si vous optez pour un violon électrique, le problème n’est pas le même, le choix sera plus facile à faire. Tout d’abord il n'y a plus le problème de copies des luthiers du XVIIème, XVIIIème ou XIXème siècle et il n’est pas question non plus de sonorité acoustique. Le son brut du violon électrique n'est pas toujours satisfaisant, mais il peut être modifié, amélioré à l'aide de boîtes d'effets électroniques. Malgré tout il existe sur le marché de très mauvais violons électrique venant principalement d’Asie et pratiquement impossible à jouer.
L’avantage du violon électrique c’est qu’il permet de travailler avec un volume sonore très faible. Quand vous aurez joué un peu et testé plusieurs instruments, vous pourrez choisir de façon plus juste celui qui convient à votre jeu.

Le violons entier appelé aussi quatre quart (4/4) est un violon pour adulte il a une longueur totale d'environ 60 cm. Les violons de tailles inférieures (3/4, ½, 1/8…) sont faits pour que les élèves violonistes puissent atteindre les notes en haut du manche avec leurs doigts tout en ayant une position qualifiée de correcte.
Bien que différentes façons de tenir le violon soient pratiquées, la plus commode est celle qui consiste à poser l’instrument à l’horizontal sur la clavicule.
Au XVIème siècle lorsque le violon était encore un instrument nouveau, on le tenait en s’inspirant de la viole bien que les principes de tenue de la viole ne soient pas vraiment rigides.
Tartini et Cramer pour prendre les plus connus faisaient reposer le menton du coté droit du cordier, alors que la pratique actuelle indique que le menton doit reposer du coté gauche et sur une mentonnière.

Le coussin aussi n’existe pas au XVIème siècle et le violon et en contact direct avec le corps du musicien. Ce qui modifie aussi la tenue de l’instrument, essayez de demander à un violoniste de jouer sans coussin s’il l’utilise depuis toujours, vous verrez que ce n’est pas gagné d’avance.
Pour revenir à la dimension de l’instrument, un enfant de 7 ans, par exemple, ne peut pas jouer sur un violon entier en ayant le violon qui repose sur la clavicule et dans le prolongement de l’épaule.
Par contre si l’on tient le violon d’une toute autre façon, à la manière d’un violoncelle, verticalement et posé sur ses genoux, devant soi, comme dans certains folklores, il n’est plus nécessaire dans ce cas de prendre un violon plus petit puisque la main peut aisément parcourir tout le manche.


Une fois acheté, ce fameux violon que je croyais merveilleux, je me suis retrouvé chez moi face à un problème plus difficile à résoudre que de sortir des billets de banque, c’était celui d'en jouer.
Je ne l’avais pas acheté pour le suspendre à nouveau et en faire un simple objet décoratif. D’ailleurs, est-ce pour apporter une touche de gaieté ou pour se remémorer quelque chose ou pour créer une atmosphère que l’on accroche des violons aux murs ?
Avec cet instrument devant moi, j’ai voulu tout de suite essayer d'en faire sortir un son. Inutile de vous dire que je ne m'imaginais pas toutes les surprises que j'allais avoir par la suite. D’abord il m'a fallu réparé l'archet car il n'avait plus de crins, alors ni une ni deux, je suis allé voir mon cousin qui avait des chevaux, des comtoises, pour lui demandé de récupérer quelques crins. Je ne savais pas combien il en fallait et je n'avais aucune notion de montage sur l'archet. Après quelques heures de bricolage j'étais en possession d'un archet avec ... une mèche si on peut appeler ça comme ça, composée de seulement un vingtaine de crins ! Je me suis précipité sur le violon, non accordé bien sûr et j'ai frotté l'archet sur les corde, résultat : aucun son, rien ! Je me suis même dit que le violon que j’avais acheté devait être muet, qu’il avait un défaut de fabrication. 
Passée ma déception je me suis dit qu’il devait y avoir un truc, une astuce pour le mettre en marche, que je devais la découvrir. C’est d’ailleurs cette dernière pensée qui m’a incitée à poursuivre mes recherches.

Ne connaissant aucune personne violoniste, j’ai d’abord effectué des recherches dans les livres pour enfin trouver que le secret se trouvait dans un petit bloc de résine dure que l’on appelle colophane, je me suis donc rendu dans un magasin de musique, qui ne vendait pas de violon, mais qui vendait quand même des blocs de colophane.
Une fois à la maison j’ai frotté, frotté et encore frotté les quelques crins de mon archet sur ce petit pain doré. Une fois l’archet passé de nouveau sur les cordes, EUREKA ! le son est sorti, ma première note joué sur un violon, c’était comme une résurrection, l’instrument vibrait donc vivait.
Pour moi, ce fut un énorme soulagement et je pensais que le plus dur était fait, que le reste ne serait que jeu d’enfant.
Grossière erreur !.
Pour moi le violon était un instrument qui pouvait aussi bien être joué par Paganini dans une somptueuse salle de concert que par un tzigane dans une fête populaire et même dans la rue. J’étais donc persuadé qu’il ne devait pas y avoir de difficultés vraiment insurmontables mais, peut-être, des choses à connaître, des techniques qu’on leur avait transmises ou qu’ils avaient découvertes seuls en jouant.
D’un coté je voyais une transmission du savoir très académique très structuré avec des étapes bien repérées et de l’autre une transmission du savoir moins codifiée mais plus personnalisée et adaptée en fonction des aspirations personnelles. Donc, j’en ai conclu qu’il n’était pas forcément nécessaire de suivre des cours pour apprendre le violon ou un autre instrument.
Restait à le prouver et trouver les moyens de s’en dispenser lorsque l’on a pas eu la chance d’avoir des parents violonistes, j’ai un vague souvenir de mon grand-père italien, Francesco Capuano, originaire de Santopadre un village au Nord de Naples, autodidacte de l’accordéon. 

A suivre ...


ue.

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